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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 10:15

 

Bahrein1-copie-1.jpg

 

Assassinats, torture, loi martiale, condamnations à mort de manifestants, censure et poursuite des journalistes, licenciements massifs d'ouvriers, prisonniers politiques par centaines, répression sauvage des manifestations, voilà comment la dynastie des Al Khalifa veut se maintenir, vaille que vaille, au pouvoir. Mais malgré cette répression sans précédent dans ce petit royaume, le peuple de Bahreïn résiste et continue à se battre, d'une manière différente, pour la démocratie et la dignité. Il s'agit d'un combat exemplaire mené par un peuple, armé de sa détermination et de son courage, contre une dictature cruelle utilisant les engins de mort les plus sophistiqués. Dans ce combat inégal et injuste, le régime est soutenu par les États du Golfe et surtout par l'impérialisme américain et européen (1). Les révoltes des peuples arabes ont démontré d'une manière éclatante, une fois encore, la complicité directe ou indirecte des États-Unis et de l'Europe avec les dictatures les plus féroces.


 

Les crimes et les atrocités commis par la dynastie des Al Khalifa contre le peuple de Bahreïn n'ont pas de limites. Même les médecins et les infirmières, qui ont eu le tort de tenter de sauver des vies humaines et de soigner les blessés, n'échappent pas à cette folie répressive. Au mépris de toutes les conventions internationales notamment celle de Genève, les manifestants blessés, ne méritent aucun soin ! Ainsi l'assistance médicale est refusée à tous lesblessés ! La dictature pense aussi que les médecins et l'ensemble des soignants, qui sont parfois arrêtés par l'armée à l'intérieur même de l'hôpital,disposent «de preuves des atrocités commises par les autorités, les forces de sécurité et la police anti-émeute» (2).

Les mosquées ne sont pas épargnées non plus. Toute une campagne de destruction de ces lieux de culte est menée par les autorités (3). Le monument de la place de la Perle, haut lieu de la contestation populaire, a été détruit. La dictature veut effacer tous les symboles de la résistance. Cette place rappelle également la fameuse place Attahrir du Caire témoin éloquent de la chute d'une autre dictature, celle de Moubarak.

Les journalistes qui tentent de dénoncer la répression sont arrêtés et traduits devant les tribunaux, lorsqu'ils sortent vivant de la détention! Karim Fakhrawi, membre du parti d’opposition Al-Wefaq et du directoire du quotidien Al-Wasat, est mort en détention après son arrestation. Les circonstances de son décès n'ont jamais été élucidées. Le correspondant de l'Agence Reuters Frederik Richter a été expulsé. Il faut que cette féroce répression se déroule à huis clos.

 

Après les arrestations et les tortures dans les centres clandestins du régime où quatre personnes ont déjà trouvé la mort, les tribunaux militaires prennent la relève pour juger des civils. Les procès expéditifs qui vont parfois jusqu'à la condamnation à mort des manifestants pacifiques, ont brisé des familles entières (4). En ce moment même, un tribunal militaire juge une vingtaine de leaders de l'opposition au régime; ils risquent la peine de mort.Bref, tous les moyens, dont les plus abjects et les plus infâmes, sont utilisés pour briser cette magnifique volonté de changement du peuple de Bahreïn.

 

Cette répression et cette brutalité contre une population qui manifeste pacifiquement sont pratiquées sous le regard bienveillant des États-Unis et de l'Europe. Le silence des médias bourgeois sur ces exactions dans l'occident civilisé, n'a d'égal que le bruit assourdissant de la propagande qu'ils distillent chaque jour comme un venin dans les cerveaux des citoyens sur les droits de l'homme, la démocratie, la liberté etc.

 

Pour les États-Unis comme pour l'Europe, la liberté, la démocratie, la dignité etc. ne sont que des mots vides de tout sens; mais qu'ils utilisent comme instruments de propagande pour mieux servir leurs propres intérêts. Faut-il rappeler que c’est à Bahreïn que se trouvent le quartier général de la Ve flotte et le port d’attache des bâtiments de guerre américains, et que l'Arabie Saoudite est le chien de garde local des intérêts des États-Unis dont elle représente un élément clé de leur sécurité énergétique? Les dynasties locales qui règnent depuis des siècles sur cette région «bourrée» de pétrole utilisent toutes leurs forces pour briser la moindre velléité de changement qui risque d'emporter leurs immenses privilèges. L'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et Qatar regroupés au sein du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) tentent d'écraser directement ou indirectement tout soulèvement populaire non seulement dans la région du Golfe mais aussi dans tout le monde arabe; c'est la contre-révolution coalisée. Le Conseil cherche à attirer d'autres pays. La Jordanie et le Maroc feront peut-être bientôt partie de ce riche ensemble puisque les discussions sur leur adhésion sont en cours.

 

Le peuple de Bahreïn a été puni pour avoir osé relever la tête et réclamer un État moderne et démocratique. Le châtiment qui lui a été infligé, montre jusqu'à quel degré de cruauté dans la vengeance ces dictatures peuvent s'élever.

 

Cette folle cruauté dans la répression a nettement affaibli la lutte du peuple de Bahreïn, mais elle ne l'a pas écrasée. Tant que la contestation se poursuit, les forces du Conseil de coopération du golfe, dirigées par l'Arabie Saoudite, resteront à Bahreïn a déclaré le chef des armées du royaume. La population continue en effet, dans des conditions extrêmement difficiles, à s'opposer à la dictature. La résistance a pris d'autres formes. Tous les soirs à 22 heures, la population scande sur les toits des slogans contre l'intervention militaire saoudienne et pour le changement du régime. Les manifestations se déroulent souvent la nuit loin de Manama la capitale totalement quadrillée par les forces de «sécurité».

 

Le soulèvement populaire à Bahreïn est le produit de décennies d'injustices, d'oppression et d'humiliations. On peut le réprimer, voire l'écraser, mais il renaîtra, tel un phénix, de ses cendres. Car il est né et a grandi sur le sol du despotisme et de l'arbitraire. Pour l'éradiquer, il faut que les gouvernements extirpent le despotisme et l'arbitraire qui sont les conditions qui leurs permettent de régner.

 

 

 

Mohamed Belaali

 

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(1) Voir «L’intervention saoudienne à Bahreïn et le silence complice des bourgeoisies occidentales»

http://www.legrandsoir.info/L-intervention-saoudienne

 

(2) http://bahrain.phrblog.org/ cité par Info-Palestine

http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=10524

 

(3) While Bahrain demolishes mosques, U.S. stays silent, By Roy Gutman.

http://www.mcclatchydc.com/2011/05/08/113839/while-bahrain-demolishes-mosques

(4) http://www.peinedemort.org/document.php?choix=5095

 

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 06:43

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L'attentat du 28 avril 2011 a fait 16 victimes innocentes. On peut les considérer déjà comme des martyrs des révoltes populaires qui secouent le monde arabe. Quels que soient les commanditaires qui se cachent derrière cet acte odieux, c'est l'aspiration de tout un peuple à plus de dignité et à plus de liberté, portée par un mouvement pacifique, qui est en dernière analyse visée.


L'attentat intervient après trois grandes manifestations qui ont vu descendre dans la rue des centaines de milliers d'hommes et de femmes pour réclamer pacifiquement un véritable changement démocratique et pour un Maroc débarrassé des pratiques du passé qui entravent sa marche vers le développement économique, social et politique.


Le processus revendicatif est enclenché. Et à la veille du premier mai, où la classe ouvrière marocaine se préparait avec d'autres couches du peuple à descendre dans le rue, le pouvoir et le patronat ont décidé d'augmenter les salaires de 15 %, les pensions minimales de 67 %, et les fonctionnaires verront, dès le premier mai, leur rémunération augmenter de 600 DH net (1). Mais la grande victoire du mouvement populaire réside dans son existence même. C'est dans ce cadre général qu'il faut situer l'attentat de Marrakech.

 

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Le Mouvement du 20 février a condamné de toutes ses forces cet acte barbare.Il a organisé le lendemain de l'attentat un rassemblement sur la place «Jemaa el Fna» par solidarité avec les victimes et pour dénoncer cet «acte criminel et revendiquer une enquête judiciaire transparente afin que toute la vérité soit faite» (2).Le Mouvement appelle également à une marche nationale à Marrakech le 8 mai contre la violence d'où qu'elle vienne et pour le changement démocratique(3).

 

Le Mouvement a tiré les leçons de l'attentat de mai 2003 à Casablanca, qui a permis au régime de procéder à des arrestations massives et souvent arbitraires. A la violence desposeurs de bombes répondait la violence de l'État. Les procès expéditifs, menés au nom de la lutte antiterroriste, ont détruit des familles entières qui n'avaient aucun lien avec le terrorisme. Aujourd'hui, le Mouvement, qui a toujours appelé à des manifestations pacifiques, craint que l'appareil sécuritaire du pouvoir n'exploite l'odieux attentat de Marrakech pour briser l'élan revendicatif du peuple marocain. Le réflexe sécuritaire que le Maroc a connu dans le passé risque de se reproduire. Le régime procédera alors à des arrestations des militants et des militantes connus et anonymes, interdira toutes formes de manifestations, musellera la presse indépendante, bref, utilisera toute la panoplie dont dispose l'appareil policier et répressif pour casser la dynamique du changement enclenchée par le Mouvement du 20 février. Dans ce cas, le Maroc fera un énorme bond en arrière sans pour autant mettre un terme aux activités des poseurs de bombes. La répression n'a pas pas empêché les attentats de se produire. La meilleure manière peut-être, sinon de mettre un terme à la violence et à l'obscurantisme, du moins de diminuer leur acuité, est de répondre aux revendications du peuple à plus de dignité, de démocratie et à plus de justice dans la répartition des richesses. Ces valeurs restent un rempart contre l'injustice et la violence. Une société forte de ses institutions réellement démocratiques résistera nettement mieux aux situations comme celle que vient de connaître le Maroc, qu'une société qui ne compte que sur la police et la répression.

 

Les partisans du tout sécuritaire, à l'intérieur comme à l'extérieur du pouvoir, ne manquent pas au Maroc et déploieront tout leur zèle pour pousser le régime dans cette direction. Ils n'ont aucun intérêt dans le changement qui risque d'emporter dans son sillage tous leurs privilèges et toutes leurs fortunes trop rapidement amassées dans l'opacité la plus totale. Les tentations répressives et sécuritaires sont réelles. Mais cette folle envie de changement qui s'est emparée du peuple marocain sera peut-être plus forte que les forces réactionnaires et rétrogrades qui veulent faire tourner la roue de l'histoire en arrière.


Mohamed Belaali

 


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(1) http://www.medi1.com/infos/actualite/actualite.php?idinf=3472


(2) http://www.20minutes.fr/article/715583/monde-attentat-marrakech-malgre-terreur-le-printemps-maroc-va-continuer

 

(3) http://www.emarrakech.info/Une-marche-nationale-conter-le-terrorisme-a-Marrakech_a55965.html

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 20:57

 

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«Celui qui m'obéit obéit à Dieu et celui qui me désobéit désobéit à Dieu» disait Hassan II en citant le prophète. Selon la constitution, le roi est «commandeur des croyants» et sa personne est « inviolable et sacrée». AuMaroc, l'Islam est religion d'État. Le roi exerce le pouvoir par Dahirs (décrets royaux) qui ne sont susceptibles d'aucun recours. Autant dire que tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains du chef de l'État. Les ministres et les députés ne sont que des figurants qui jouent le spectacle de la démocratie sur la scène politique marocaine.C'est contre cette constitution anachronique et pour un changement démocratique réel et profond que le peuple marocain est descendu dans la rue le 20 février 2011. Le vent de révolte et de changement qui secoue le monde arabe, souffle également sur le Maroc.


 

Face à la détermination des manifestants, Mohamed VI intervient le 9 mars 2011 à la télévision et annonce un ensemble de réformes constitutionnelles importantes comme le «renforcement du statut du Premier ministre en tant que chef d’un pouvoir exécutif effectif»,la « consolidation du principe de séparation et d’équilibre des pouvoirs», ou encore «l’élargissement du champ des libertés individuelles et collectives» etc.(1).

 

L’Union socialiste des forces populaires (USFP), le parti de la justice et du développement (PJD, islamiste), l'Istiqlal (nationaliste) et bien d'autres partis politiques classiques plus ou moins liés au pouvoir, ont applaudi chaleureusement le discours royal, qu'ils qualifient d'historique. L'Administration américaine, l'OTAN, l'Union Européenne et le gouvernement français ont également salué ce discours. Il s'agit d'un discours «très courageux et même visionnaire» disait Alain Juppé (2) !

 

Par contre, le discours du roi non seulement n'a pas convaincu les jeunes du Mouvement du 20 février, soutenu par de larges couches du peuple, les syndicats, la gauche radicale, l'Association Justice et Bienfaisance (islamiste) etc. mais il les a déçus. Les jeunes du Mouvement pensent que ce discours ne répond pas aux attentes du peuple marocain. Pour certains d'entre eux comme Nizar Bennamate «La constitution actuelle n'est pas réformable parce qu'elle est féodale, totalitaire, rétrograde, religieuse» (3). Ils exigent une constitution démocratique reflétant et traduisant réellement la volonté du peuple. Elle doit être votée par une assemblée constituante elle-même élue démocratiquement. Au lieu de cela, le roi a nommé «une commission ad hoc pour la révision de la constitution». Il s'agit donc d'une constitution octroyée par le Palais comme d'ailleurs les précédentes. Le Mouvement a appelé à poursuivre le combat en maintenant la manifestation du 20 mars et en appelant à une autre le 24 avril sans compter les sit-in, marches, rassemblements, débats, discussions directes avec les citoyens, communiqués et autres tracts distribués un peu partout au Maroc.

 

 

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Une véritable effervescence s'est emparée du pays : les citoyens et les citoyennes parlent, discutent, débattent et échangent leur point de vue sur les prix des produits de première nécessité qui augmentent sans cesse, sur les salaires de misère, sur le chômage des jeunes et des moins jeunes, sur la corruption qui ronge comme un cancer l'ensemble du corps social, sur les fortunes colossales, injustement bâties, qui côtoient la misère la plus sordide, sur la constitution qu'il faut changer, sur les prisonniers politiques qu'il faut libérer etc. etc. Cette parole confisquée et réprimée depuis des décennies se libère progressivement non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les quartiers populaires, dans les cafés, dans les souks, chez les coiffeurs, dans les salles de conférence etc. Les médias indépendants et même l'audiovisuel public totalement contrôlé par le pouvoir, s'expriment aujourd'hui ne serait-ce que pour demander plus de liberté d'expression : «le contribuable finance ces médias publics, mais ces derniers sont au service du pouvoir officiel» disait Younès Moujahid secrétaire général du Syndicat de la presse marocaine (SNPM). Par deux fois au mois de mars, les journalistes sont descendus dans la rue pour exiger une presse libre et indépendante après avoir apporté leur soutien au Mouvement du 20 février (4).

 

Mais cette «liberté d' expression» reste toute relative. La répression n'a pas disparu et la peur, bien que de plus en plus maîtrisée, est toujours présente. Il faut préciser que juste après le discours royal du 9 mars, une répression sauvage s'est abattue sur les manifestants à Casablanca, Khouribga, Youssoufia, Mohammadia etc. Mais cette violence exercée sur des manifestants pacifiques n'a fait que renforcer la détermination des jeunes du Mouvement du 20 février à continuer leur combat pacifique pour plus de liberté et plus de dignité. Ce qui est nouveau, par contre, c'est que les citoyens osent désormais exprimer leur immense espoir pour un Maroc démocratique débarrassé des politiques et des pratiques qui ne correspondent plus aux temps modernes. Au Maroc, plus qu'ailleurs peut-être, le présent et le passé s'imbriquent l'un dans l'autre; on ne peut parler de l'un sans évoquer l'autre.

 

L'arrivée de Mohamed VI au pouvoir en 1999 après le décès de son père Hassan II avait suscité également un grand espoir de changement démocratique et de rupture avec le passé. Et effectivement, les premières années ont été marquées par des réalisationspolitiques, économiques et sociales importantes. De grands travaux d'infrastructures comme le Port Tanger Med, premier port d' Afrique, les réseaux routiers, autoroutiers et ferroviaires ont étéréalisés ou développés. Le développement du secteur agricole et touristique avec le Plan Maroc vert et Plan Azur traduisent également cette volonté du jeune roi à développer l'économie marocaine qui en avait réellement besoin. L’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) destinée à combattre la pauvreté, la promulgation du code du travail et celui de la famille(Moudawana) sont des avancées sociales incontestables. Le retour des exilés politiques dans leur pays et notamment le plus célèbre d'entre eux Abraham Serfaty, la levée de l'assignation à résidence du guide spirituel de Justice et Bienfaisance Abdesselam Yassine,constituent un acte symbolique fort. Le limogeage du tout puissant ministre de l'intérieur Driss Basri et la création de l’Instance Equité et Réconciliation (IER) pour faire le bilan des violations des droits humains entre 1956 et 1999 ont renforcé ce sentiment de rupture avec le passé. Mais le régime est resté fidèle à lui-même. L'espoir est retombé.

 

Tous les pouvoirs sont, comme avant, entre les mains du roi, entouré de courtisans qui ne cherchent qu'à s'enrichir. Le gouvernement ne fait qu'exécuter les directives directement venues du Palais. Le parlement n'est qu'une chambre d'enregistrement de la volonté royale. Et ce n'est pas un hasard si à chaque manifestation, les marocains réclament la dissolution du parlement et la démission du gouvernement. Les collectivités territoriales sont strictement contrôlées par le ministère de l'intérieur, lui-même dépendant du Palais. Les résultats des élections sont déterminés d'avance et habilement répartis entre les partis politiques plus au moins soumis au pouvoir. Le jeu politique au Maroc est déterminé, organisé et contrôlé par le régime. La constitution de 1996 qui donne un pouvoir absolu au roi et consacre la sacralité de sa personne n'a pas été modifiée.

 

Les politiques économiques sont souvent décidées, comme par le passé, par les instances internationales comme la Banque mondiale et le FMI à Washington, loin des besoins et des préoccupations du peuple marocain. Ces politiques s'inscrivent dans une stratégie libérale globale : privatisation, vérité des prix, protection du capital privé local et étranger et extraversion poussée de l'économie marocaine basée sur des produits à faible valeur ajoutée. Il va sans dire que les effets traumatisants des plans d'ajustement structurel de ces mêmes institutions que le Maroc applique avec zèle sont supportés par les classes populaires. La paupérisation de l'immense majorité de la population reste la conséquence tangible de ces politiques. Déjà en juin 1981 et en janvier 1984, des révoltes populaires contre l'augmentation des prix des produits de base ( farine, pain, sucre, huile gaz etc.) ont secoué la plupart des villes marocaines faisant plusieurs centaines de morts et des milliers de blessés. Aujourd'hui le régime, pour éviter toute contagion de la révolution tunisienne et égyptienne au Maroc, a doublé en février 2011, le budget de la Caisse de compensation qui subventionne les produits de première nécessité.

L'échec de ces politiques économiques est aggravé par la généralisation de la corruption qui, à l'instar des métastases, se répand dans tout le corps social. Aucun secteur de la société n'est épargné. Elle est omniprésente. C'est une habitude que l'on accomplit au quotidien. Elle est érigée en véritable institution. Dans ce domaine comme dans d'autres, la classe dirigeante rafle l'essentiel du butin laissant aux petits fonctionnaires le soin de se courber pour ramasser quelques miettes pour compléter leurs salaires de misère (5). L'éradication de la corruption et la traduction devant la justice de celles et ceux qui ont rapidement bâti des fortunes colossales dans l'opacité la plus totale font partie des revendications essentielles du Mouvement du 20 février.

 

Le 24 avril 2011, des hommes et des femmes par centaines de milliers sont descendus dans la rue pour un Maroc nouveau, réellement démocratique, sans prisonniers politiques, sans torture, sans corruption et pour soulager tout le peuple du fardeau de la misère, de l'ignorance, de l'humiliation et de l'arbitraire qui entrave sa marche vers le progrès économique, social et politique.

 

Mohamed Belaali

 

 

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(1) Voir l'intégralité du discours : http://www.bladi.net/discours-du-roi-mohamed-vi-9-mars-2011.html

 

(2) http://www.ambafrance-ma.org/new3/spip.php?article9673


(3)http://www.rue89.com/2011/04/17/maroc-le-mouvement-du-20-fevrie

 

(4) http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/03/25/des-centaines-de-journalistes

 

(5) Pour le classement et la note attribuée par pays voir Trancparency International http://www.transparence-france.org/e_upload/pdf/cpi2010_table_2010.pdf

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 06:43

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La Syrie est confrontée à son tour à la vague de révolution qui déferle sur le monde arabe. La République syrienne est dirigée d'une main de fer par la dynastie Al Assad depuis plus de quarante ans. Hafez Al Assad a pris le pouvoir à la faveur d'un coup d'État en 1970 et son fils Bachar lui a succédé après son décès en 2000. Le pouvoir se transmet ainsi de père en fils comme dans une monarchie ! Hafez et Bachar Al Assad ont toujours servi les intérêts des riches marchands et des classes moyennes syriennes au détriment des classes populaires.

La rhétorique anti-impérialiste et anti-sioniste ne doit pas masquer la nature policière du régime. L'impérialisme américain et son caniche israélien ont-ils réellement intérêt à déstabiliser le régime de Bachar Al Assad ? Pour Washington la Syrie est l'un des maillons clef de sa politique proche orientale. Pour Israël, la stabilité du régime syrien permet le statu quo garant de l'hégémonie de l'État sioniste dans la région et la négation des droits du peuple palestinien.

 

 

«Une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence ni tribunaux d'exception, sans corruption ni vols ni monopole des richesses» disait une des pancartes brandie par des manifestants le 15 mars 2011 à Damas. La manifestation n'a réuni que quelques dizaines de syriens et de syriennes dont de nombreuses familles de détenus politiques. Le 20 mars à Deraa, les manifestants, plus nombreux cette fois, scandaient «Non à l'état d'urgence. Nous sommes un peuple épris de liberté!». La contestation s'est répandue dans tout le pays malgré une répression féroce qui a fait déjà plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.

 

Le 28 mars, Bachar Al Assad limoge son premier ministre Mohammad Naji Al Otari , à la tête du gouvernement depuis 2003, dans l'espoir de calmer les manifestants. Le 30 mars, Al Assad s'est adressé à son peuple à travers le parlement. Ce qui frappe d'abord l'observateur, même superficiel, c'est la forme : un Bachar sûr de lui, décontracté, souriant et plaisantant avec les parlementaires alors que la répression avait déjà fait des dizaines de morts parmi les manifestants. Les députés l'interrompent pour l'applaudir et pour déclamer des slogans à sa gloire: «Dieu, la Syrie, Bachar et c'est tout» ou encore «Avec nos âmes, notre sang, nous nous sacrifions pour toi Bachar». A l'entrée du parlement, une foule en liesse scandait à peu près les mêmes slogans. Ce culte de la personnalité qui opprime en fait davantage les contestataires du régime que les autres, se retrouve également un peu partout dans le pays à travers notamment les médias et l'omniprésence des portraits du président . Dans tout le monde arabe, les émirs, les présidents et les rois ont élevé les masses dans l'adulation et l'admiration de leur personne. Leurs effigies est partout : sur les grands boulevards, sur les billets de banque, sur les timbres postes, dans les magasins, dans l'administration et surtout sur le petit écran. Ils sont omniprésents et omnipotents. Mais les peuples ne sont pas dupes. Dès les premières heures de chaque soulèvement, ils se précipitent sur ces portraits surannés pour les arracher, les détruire et les brûler. C'était le cas en Tunisie et en Égypte. Mais c'est le cas également aujourd'hui au Yémen, en Libye et en Syrie. Demain, d'autres effigies, peut-être, seront arrachées, détruites...

 

Les révoltes populaires sont toujours considérées par les régimes arabes comme «des conspirations venues d'ailleurs». Leur mépris ici du peuple est total. Ce ne sont jamais, selon eux, des peuples qui se soulèvent contre l'injustice et la tyrannie. Ce ne sont jamais les conditions économiques, sociales et politiques internes qui poussent les populations à la révolte. Mais ce sont toujours, pour ces régimes, les mains de l'étranger qui complotent contre eux :«Je m’adresse à vous à un moment exceptionnel où notre unité est mise à l’épreuve. Une épreuve que les complots ininterrompus contre la patrie l’avaient imposée et que notre volonté, notre cohésion et la volonté de Dieu nous avaient fait à chaque fois réussir à affronter» affirmait Bachar Al Assad devant les députés le 30 mars. Cela ne signifie nullement que l'impérialisme américain et européen ne s'immiscent pas dans les affaires intérieures des pays souverains. Mais l'impérialisme complote non pas contre ces régimes d'un autre âge, mais bel et bien contre les peuples qui veulent justement se débarrasser de la tutelle américaine et européenne et de leurs serviteurs locaux. L'impérialisme est toujours et partout l'ennemi des peuples. Le cas de la Tunisie, de l'Égypte, de la Libye, du Yémen et de Bahreïn etc. sont des exemples édifiants à cet égard.

 

Les révoltes qui secouent le monde arabe aujourd'hui sont les conséquences non pas de complots extérieurs, mais de décennies d'injustices, de marginalisation, d'humiliations, de souffrances, de répression et d'oppression. Les dirigeants arabes ont toujours tourné le dos au peuple. Aujourd'hui ce peuple tant méprisé non seulement se réveille après un long, très long cauchemar, mais il veut renverser tous ces despotes. C'est le rêve de millions et de millions d'opprimés de cette région du monde. Ce rêve fou s'est réalisé contre toute attente en Tunisie et en Égypte. Il se réalisera peut-être demain dans d'autres pays arabes. En tout cas, les peuples offrent généreusement des martyrs par centaines, des blessés par milliers et offriront encore tous les sacrifices nécessaires pour révolutionner leurs conditions d'existence. Face à eux, des régimes qui, pour se maintenir, ne peuvent offrir qu'un semblant de «réformes» et surtout une vraie et féroce répression.

 

Le régime syrien ne fait malheureusement pas exception à cette règle. Toute l'histoire du clan Al assad est marquée par ce rapport très violent avec ses opposants.

En novembre 1970, un groupe de militaires syriens dirigé par Hafez Al Assad, le père de Bachar, renverse le président Noureddine Al Atassi, le gouvernement du premier ministre Youssef Zouyyain et s'empare du pouvoir après avoir éliminé en même temps les éléments progressistes du parti Baas (Renaissance en arabe). Youssef Zouyyain voulait faire de la Syrie «le Cuba du Moyen Orient »; mais le nouveau président ne lui a pas laissé le temps (1). Hafez Al Assad va jusqu'à condamner à mort les fondateurs et idéologues du parti Baas, Michel Aflak et Salah Bitar. En 1980, ce dernier est assassiné en plein Paris. A Hama, en 1982, il est venu à bout de l'opposition islamiste et laïque au prix de milliers de morts. Le régime ne supporte et ne tolère aucune contestation, aucune opposition.

Hafez Al Assad installe ainsi en Syrie un pouvoir personnel et absolu dont les deux piliers sont l'armée et les redoutables services de renseignements, les fameuses «Moukhabarat», qui ont éliminé, emprisonné et torturé un nombre considérable de militants notamment communistes.

 

Hafez Al Assad livre à son fils Bachar une Syrie «purgée» de toute opposition. Seuls les courtisans applaudissant et déclamant des slogans à la gloire du jeune président sont admis à jouer le rôle de ministres, députés, gouverneurs etc. Le pouvoir, lui, est concentré entre les mains de Bachar, de sa famille, de l'armée et des Moukhabarat qu'il contrôle.

 

Cette remarquable stabilité du régime syrien, plus de quarante ans, n'est pas pour déplaire à Washington et à Israël (2). «Israël préfère garder un ennemi stable» disait récemment Ygal Palmor, porte-parole du ministère Israélien des Affaires étrangères sur France Inter (3). Mais ce que craignent surtout les américains et les israéliens c'est l'avènement de sociétés démocratiques non seulement en Syrie mais dans tout le monde arabe. Car ils savent pertinemment que de telles sociétés, contrairement aux dictatures, seront anti-impérialistes et anti-sionistes.



Aujourd'hui, le peuple syrien partage les aspirations au changement des autres peuples arabes. Il continue à descendre dans la rue malgré la répression féroce pour réclamer et obtenir ce changement. La Syrie, qui a vu naître sur son sol de grandes civilisations, sera-t-elle capable aujourd'hui d'enfanter une nouvelle société débarrassée de l'arbitraire et résolument tournée vers le progrès économique, social et politique ?

 

Mohamed Belaali

 

 

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(1) Voir Tariq Ali «Bush à Babylone». La fabrique éditions, page140

 

(2) Cité par Alain Gresh in Révoltes en Syrie http://blog.mondediplo.net/2011-03-28-Revoltes-en-Syrie. Voir également «Aux origines du régime syrien» Eric Rouleau http://www.monde-diplomatique.fr/2006/05/ROULEAU/13486

 

(3) http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/reporter/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 06:02

 

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La tempête de révolte qui souffle très fort sur le monde arabe risque d'emporter dans son sillage le régime d'Ali Abdallah Saleh. Tous les jours à Sanaa, à Aden, à Al Mukalla et dans toutes les villes du Yémen, les manifestants scandent «le peuple veut renverser le régime». Ali Abadallah Saleh, allié des Etats-Unis dans ce qu'ils appellent «la lutte contre le terrorisme», concept hérité de l'administration Bush, va-t-il être jeté à la poubelle de l'histoire à son tour comme l'ont été avant lui Ben Ali et Moubarak ?

 

La position géostratégique du Yémen inquiète Washington. Sa proximité des régimes

comme le sultanat d'Oman et surtout l'Arabie Saoudite, en pleine phase de succession, dont l'Est du pays connait de timides contestations, préoccupe sérieusement les américains. Mais le Yémen c'est aussi le détroit de Bāb al-Mandab qui commande l'entrée à la mer Rouge et surtout le Golfe d'Aden qui sépare le continent africain du continent asiatique et constitue de ce fait une voie maritime importante pour les échanges mondiaux : «Quelque 22000 navires marchands traversent la zone chaque année, transportant environ 8% du commerce mondial, ce qui comprend plus de 12% du pétrole et de produits finis de l’Extrême Orient vers l’Europe» (1). Autant dire que le Yémen représente un intérêt stratégique évident pour les États-Unis. C'est ce qui explique le silence embarrassé de Washington sur la révolte populaire dans ce pays.

 

Après le massacre du 18 mars 2011 qui a fait, selon l'AFP, cinquante-deux martyrs tombés sous les balles des partisans d'Abdallah Saleh et 126 blessés, Barack Obama a déclaré «je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd’hui au Yémen» et il a exhorté «le président Saleh à tenir sa promesse d’autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement»! Mais il n'est pas question ici d'intervention militaire «pour assurer la protection des civils» et renverser le régime en place comme en Libye. Au Yémen comme à Bahreïn, les populations qui manifestent pacifiquement contre des régimes despotiques et corrompus peuvent se faire massacrer par le pouvoir local ou par les armées étrangères sous le regard bienveillant des bourgeoisies occidentales (2).

 

Yemen1.jpg

 

Abdallah Saleh est au pouvoir sans interruption depuis 1978 :d'abord président du Yémen du Nord, ensuite du Yémen réunifié en 1990 et enfin président de la République du Yémen en 1994. Depuis cette date, Abdallah Saleh dirige le pays d'une main de fer en s'appuyant sur les membres de sa famille, sur son parti le Congrès Général du Peuple (CGP) et bien sûr sur les forces armées. Toutefois, après la première réunification en 1990, le Yémen a connu «une véritable explosion démocratique(...) Une quarantaine de partis font leur apparition, couvrant tout le spectre imaginable de la vie politique. Près de 130 journaux et magazines voient le jour, certains se signalent par un ton extrêmement critique à l’égard du pouvoir» (3).Mais cette période a été très courte et dès 1991 le climat politique s'est nettement dégradé. Les tensions entre nordistes et sudistes se sont exaspérées et la guerre civile a éclaté en 1994 «gagnée» par le Nord dirigé par Ali Abdallah Saleh.

 

Aujourd'hui, les fondements du régime s'effondrent les uns après les autres. Les réserves comme les revenus du pétrole sont en baisse. Abdallah Saleh n'a plus les moyens d'acheter ses opposants comme par le passé. La corruption et le népotisme font partie intégrante de la politique du régime. La priorité d'Abdallah Saleh n'a jamais été le développement de son pays. Sa préoccupation première est de rester, vaille que vaille, au pouvoir. Le Yémen reste l'un des plus pauvres pays non seulement du monde arabe mais aussi du monde entier.

Les défections dans l'armée se comptent par dizaines. Le général Ali Mohsen al-Ahmar, demi-frère du président, et le général Nasser Ali Chouaïbi ont rejoint le mouvement populaire.

Les cheikhs des tribus, comme le très influent Sadek Al Ahmar, et des dignitaires religieux ont eux aussi lâché Ali Abdallah Saleh.

 

Pourtant, vendredi 25 mars 2011, le régime a réussi à mobiliser des dizaines de milliers de ses partisans. Le président peut encore compter sur plusieurs tribus comme celle de Dhamar ou d'Al Baida. L'appareil sécuritaire, qu'il a forgé patiemment, lui apporte toujours son soutien. Mais pour combien de temps ?

 

Ali Abdallah Saleh, comme tous les dictateurs, s'accroche de toutes ses forces au pouvoir. C'est sa raison d'être! Ici le pouvoir n'est pas un moyen, mais une fin en soi : le pouvoir pour le pouvoir. Mais ce pouvoir montre, chaque jour qui passe, des fissures de plus en plus larges. Le Yémen, comme les autres pays arabes, est touché par cette immense et profonde aspiration à changer les régimes en place qui ont fait leur temps. Ils ne correspondent plus à la marche de l'histoire. Ces régimes constituent un véritable obstacle au développement économique, social et politique. Ils doivent disparaître. Les roues de l'histoire ne tournent jamais en arrière. La véritable place d'Ali Abdallah Saleh, comme celle de tous les despotes arabes, est d'être non pas à la tête de l'État, mais bien à côté de Ben Ali et de Moubarak c'est à dire dans la poubelle de l'histoire.

 

Mohamed Belaali


 

 

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(1) OTAN, le 11 novembre 2008 Nato military visits Beijing to discuss piracy operations http://www.manw.nato.int/pdf/Press%20Releases/NATO, cité par Hélène Nouaille dans «Le Golfe d’Aden, au delà des pirates»

http://www.comite-valmy.org/spip.php?article437

 

(2) http://www.legrandsoir.info/L-intervention-saoudienne-a-Bahrein

 

(3) Voir «Le Yémen entre démocratie et guerre civile» d'Olivier Dalage http://mapage.noos.fr/odalage/autres/yemen.htm

 

 

 



 

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 15:50

 

Manifestantes-Manama.png

( Manifestantes à Manama)

 

L'Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis ont envahi le petit royaume de Bahreïn dans l'indifférence quasi générale. Pourtant l'évolution de la situation et les conséquences qui peuvent en découler sont d'une importance capitale non seulement pour la région, mais aussi pour le monde entier. Il y a trop de pétrole dans cette partie du monde et la moindre étincelle peut embraser tout le Moyen-orient.

 

La révolte des peuples de la région qui veulent se débarrasser des tyrans d'un autre âge peut constituer cette étincelle. A Bahreïn par exemple, la population mène depuis plus d'un mois, un magnifique combat pacifique contre le despotisme de la dynastie des Al-Khalifa au pouvoir depuis trois siècles.

Au Yémen «le peuple veut renverser le régime», c'est ce que réclament les manifestants depuis plusieurs semaines. Ali Abdallah Saleh, surnommé par son propre peuple le «boucher», est au pouvoir depuis 1978 (1978/1990 président du Yémen du Nord et depuis 1990 du Yémen réunifié).

Le même vent de révolte souffle également sur le sultanat d'Oman dirigé depuis 1970 par le sultan Qaboos qui concentre entre ses mains tous les pouvoirs. Ses ancêtres dirigeaient ce petit royaume depuis 1749!

Cette aspiration profonde au changement inquiète évidemment les pouvoirs autoritaires en place, mais surtout l'impérialisme américain et européen. Car des régimes démocratiques, au Yémen, à Bahreïn et à Oman peuvent donner des idées et servir d'exemple aux autres peuples de la région qui subissent la même oppression, les mêmes injustices et les mêmes régimes tyranniques. En Arabie Saoudite, le peuple aspire lui aussi, comme les autres peuples arabes, à une société nouvelle débarrassée du joug de la dynastie des Al Saoud qui domine le pays depuis des siècles. Et il ne faut surtout pas que le peuple saoudien emprunte le même chemin que les peuples voisins et renverse le régime anachronique des Al Saoud serviteur local des États-Unis comme l'a fait le peuple tunisien et égyptien. Faut-il rappeler que sol saoudien renferme les plus importants gisements de pétrole au monde, et que l'Arabie Saoudite est le premier exportateur mondial et le deuxième producteur de l'or noir. Elle est à ce titre un élément clé de la sécurité énergétique des USA. Les américains sont les protecteurs armés de la dynastie saoudienne et leur soutien à la famille royale est inconditionnel.

 

C'est dans ce cadre général qu'il faut situer l'intervention saoudienne et émiratie à Bahreïn le 14 mars 2011, sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe et le silence complice de Washington. Les américains comme les européens qui demandent le départ de Kadhafi et interviennent militairement en Libye, se taisent lamentablement sur cette intervention militaire saoudienne et ne formulent pas les mêmes exigences à l'égard du roi du Bahreïn.

La place de la Perle, au cœur de Manama la capitale de Bahreïn et haut lieu de la révolte populaire, a été évacuée dans le sang le 16 mars 2011. Une répression sauvage s'est abattue sur des hommes et des femmes qui manifestaient pacifiquement contre une dictature. Et la répression se poursuit toujours. Barack Obama a demandé, dans un appel téléphonique, au roi de Bahreïn Hamad Issa Al-Khalifa «un maximum de retenue»!

Alors que l'impérialisme américain et européen interviennent militairement en Libye «pour assurer la protection des civils», la population de Bahreïn, elle, non seulement n'a pas le droit à cette protection, mais on la réprime violemment avec l'aide des armées étrangères sous l'œil bienveillant des États-Unis. Il faut préciser que c'est à Bahreïn que se trouvent le quartier général de la Ve flotte et le port d'attache des bâtiments de guerre américains. Bahreïn occupe également une position stratégique entre l'Arabie Saoudite, l'Irak, le Koweït et l'Iran. Les revendications démocratiques de la population ne pèsent donc pas lourd face aux intérêts de la bourgeoisie américaine. Obama et son administration, qui ne font que gérer les intérêts de la classe dominante américaine, ont choisi le camp de la dictature de la dynastie des Al-Khalifa.

 

«Le boucher» du Yémen, Ali Abdallah Saleh au pouvoir depuis 32 ans, continue à massacrer sa propre population avec, là encore, le silence complice des États-Unis et de l'Europe. Rien que pour la journée de vendredi 18 mars, selon l'AFP, la répression a fait 52 morts et 126 blessés. C'est que Abdallah Saleh est considéré comme un allié par les américains dans «la lutte contre Al-Qaïda».

Une fois encore, on invoque l'humanitaire pour intervenir en Libye riche en pétrole, et on soutient des dictatures en Arabie Saoudite, à Bahreïn, à Oman et au Yémen, des régimes qui massacrent leur population. L'humanitaire est ainsi utilisé comme prétexte pour servir les puissants; il est au service du capital (1). Mais à Bahreïn comme au Yémen, la vie humaine n'a pas de valeur tout comme les aspirations des peuples au changement. Seuls comptent les intérêts des riches minorités nationales et occidentales. Pour les défendre, on n'hésite pas à s'allier avec les pires dictatures !

Aux yeux de l'impérialisme, Kadhafi, contrairement aux autres tyrans arabes, n'est pas tout à fait fiable. Le despote libyen, au pouvoir depuis 42 ans, reste pour les occidentaux «un mauvais dictateur». Il faut se hâter à le renverser et s' installer en Libye pour mieux contrôler ses ressources pétrolières et étouffer lesaspirations et le processus démocratique enclenchés par les révolutions tunisienne et égyptienne(2).

 

Les peuples de Bahreïn, du Yémen, de l'Arabie Saoudite et tous les peuples arabes aspirent profondément à se débarrasser des tyrans d'un autre âge soutenus par les bourgeoisies américaines et européennes qui veulent faire tourner les roues de l'histoire en arrière. Il faut partout dénoncer l'impérialisme dont les intérêts sont totalement incompatibles avec ceux des peuples. Et il est également de notre devoir de soutenir les luttes des masses arabes opprimées qui sont déterminées à prendre leur destin en main en offrant généreusement des martyrs par centaines et des blessées par milliers pour une société meilleure.

 

Mohamed Belaali

 

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(1) http://www.legrandsoir.info/L-humanitaire-au-service-du-capital.html

 

(2) http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/03/04/limperialisme-est-lennemi-des-peuples-le-cas-de-la-libye/

 

 

 

 

 

 

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 08:22

 

Tu peux élever tes palais sur nos champs

Avec notre labeur et le travail de nos mains

Tu peux lâcher tes chiens dans les rues

Et renfermer sur nous tes prisons

Tu peux nous voler notre sommeil

Nous avons dormi trop longtemps.


         Poème d'Ahmed Fouad Negm chanté par Cheikh Imam.

 

 

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Khaled Saïd est peut-être le Mohamed Bouazizi égyptien. Depuis que la population a découvert les photos insoutenables du visage méconnaissable du jeune homme battu sauvagement à mort en pleine rue par la police de Moubarak, grand ami des États-Unis, de l'Europe et d'Israël entre autres, les manifestations en Égypte n'ont pour ainsi dire jamais cessées. Khaled Saïd est devenu l'icône de la révolution égyptienne comme Bouazizi l'est pour la révolution tunisienne. Mais Khaled Saïd n'est que l'étincelle qui a enflammé tout un peuple qui depuis longtemps souffrait en silence sous le règne du régime de Moubarak.


 

Bouazizi2.jpg

 

Combien d'égyptiens et d'égyptiennes ont été torturés par la police de Moubarak? Combien d'hommes, de femmes et de familles entières ont été brisés par la torture ? Personne ne le sait avec précision. Les tortionnaires égyptiens ont acquis une renommée telle que des pays comme les États-Unis et la Suède, entre autres, extradaient illégalement des détenus présumés «islamistes» vers l'Égypte pour les torturer (1).

Les égyptiens confondaient cette pratique barbare avec le régime lui-même. Ils savent que l'un ne peut se passer de l'autre. Pour se maintenir, le régime avait besoin de terroriser la population et la torture ne pouvait s'exercer efficacement (les experts disent scientifiquement) que par le pouvoir de Moubarak. A la veille de sa chute, le 10 février 2011, alors que tout le monde attendait son départ, Moubarak est apparu à la télévision pour dire … qu'il restait au pouvoir. Pour Moubarak le pouvoir n'était pas un moyen mais une fin: le pouvoir pour le pouvoir !

 

Mais la torture, cette négation totale de l'être humain, n'est pas le seul visage du régime. La corruption constituait l'autre face hideuse de l'Égypte de Moubarak. En 2009 Transparency International classait l'Égypte au 115e rang sur 180 pays. Pendant les dix-huit jours de la révolution, Moubarak et sa famille passaient leur temps à transférer des sommes colossales vers des comptes indétectables à l'étranger. La presse a évalué la fortune du tyran entre 40 et 70 milliards de dollars. Ces chiffres sont peut-être exagérés, mais Moubarak et sa famille utilisaient tout l'appareil de l'État égyptien pour s'enrichir le plus rapidement possible : rentes et prébendes en tout genre, commissions et rétrocommissions en marge de contrats gaziers, d'armements, de vente et d'achat d'entreprises publiques, d' investissements immobiliers dans les États du Golfe etc. etc.(2).

 

Egypte1.jpg

 

La corruption gangrénait non seulement la tête du régime, mais tout le corps social. La corruption, à l'instar d'un cancer, rongeait toute la société égyptienne. Elle se répandait dans la société comme les métastases dans un corps malade. Il n'est pas jusqu'au policier, au douanier, au dernier des fonctionnaires qui ne participait à ce terrible fléau social. La corruption était devenue une quasi-institution . Elle a permis au clan Moubarak d'amasser une fortune qui n'a d'égale que la misère de l'immense majorité des égyptiens.

 

Au Caire par exemple, des milliers et des milliers de citoyens pauvres vivent dans ce que les égyptiens appellent «les cités des morts» c'est-à-dire dans des cimetières ! Pour survivre, les plus pauvres, et ils sont hélas très nombreux (40% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour), vendent, en «pièces détachées», leurs organes: «l’Égypte est régulièrement citée parmi les pays les plus concernés au monde par le commerce d’organes» (3).

 

Il faut dire que les programmes de stabilisation et d'ajustement structurel du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque mondiale appliqués avec zèle par le régime de Moubarak ont nettement contribué à cette misère en orientant par exemple la production agricole vers l'exportation au détriment de la culture vivrière, celle qui correspond aux besoins de la population. Les petits paysans sont ainsi arrachés à leur terre, ruinés et remplacés par les gros propriétaires terriens. Ces politiques libérales acceptées déjà par Sadate, qui a remplacé Nasser en 1970, poursuivies par Moubarak ont détruit également ce qui restait encore des services publics de l'Éducation et de la Santé. Les subventions aux produits de première nécessité ont été progressivement supprimées et des pans entiers de l'économie égyptienne ont été privatisés (4).La misère est ainsi devenue le lot quotidien de l'immense majorité du peuple égyptien.

 

C'est ce régime là qui a été porté à bout de bras par les bourgeoisies américaines, européennes et leurs institutions internationales. Le capitalisme et l'impérialisme n'ont jamais été incompatibles avec les dictatures qui sont souvent leurs produits les plus authentiques. Les États-Unis apportaient à l'Égypte de Moubarak une «aide» financière, humaine et surtout militaire qui n'est dépassée que par celle accordée à l'État terroriste d'Israël. Mais la contrepartie était très lourde. Non seulement le pays a perdu toute souveraineté et toute dignité, mais surtout Moubarak, comme Sadate avant lui, a trahi le peuple palestinien. Faut-il rappeler que la cause palestinienne est la cause de tous les peuples arabes ? «La paix» séparée avec Israël (le Traité de paix israélo-égyptien est signé le 26 mars 1979 à Washington à la suite des Accords de Camp David de 1978)est une véritable machine de guerre contre le peuple palestinien. Sadate a payé de sa vie cette trahison. Moubarak qui l'a remplacé en 1981, a approuvé et justifié, au nom de cet accord, les deux invasions du Liban, la féroce répression des Intifadas palestiniennes et les massacres de l'opération «Plomb durci». Il a même entamé, pour plaire à ses maîtres américains et israéliens, la construction d'un mur d'acier souterrain participant ainsi directement à l'étouffement de la bande de Gaza où vivent un million et demi de palestiniens déjà soumis à un terrible blocus de la part d'Israël. Ce blocus, entre autres, donne la mesure de la cruauté des dirigeants de cet État anachronique.

 

La révolution arabe en marche dévoilera davantage encore le visage hideux de l'entité sioniste. Quel contraste, en effet, entre les peuples du monde arabe qui désirent ardemment bâtir une société démocratique débarrassée des despotes d'un autre âge et l'État hébreux dirigé par une équipe d'extrémistes fanatiques, qui construit le «Grand Israël» sur les cadavres des palestiniens. D'un côté, une folle envie de démocratie, de dignité et d'une société meilleure s'est emparée des peuples arabes, de l'autre, Israël qui s'enfonce, chaque jour un peu plus, dans le fanatisme et la barbarie.

 

Si les bourgeoisies occidentales ont tout fait pour maintenir au pouvoir un régime aussi cruel et corrompu que celui de Moubarak, le peuple égyptien, lui, désirait de toute ses forces le renverser. Les égyptiens ne scandaient-ils pas à l'unisson dans tout le pays «le peuple veut renverser le régime» ? Ce slogan a été repris, d'ailleurs, par les peuples arabes en lutte contre leurs tyrans. Le régime de Moubarak a créé une situation insoutenable pour le peuple égyptien. La situation était devenue explosive et elle a effectivement...explosé. Le peuple d'Égypte a su se débarrasser, et d'une manière admirable, de ce régime tyrannique soutenu par les Etats-Unis, l'Europe et Israël. Décidément l'intérêt des peuples et ceux de l'impérialisme et du sionisme sont absolument incompatibles.

 

Torture, corruption, misère et trahison sont les caractéristiques et les fondements du régime de Moubarak. Dignité, liberté, démocratie et solidarité sont les valeurs pour lesquelles le peuple d'Égypte a donné généreusement des centaines de martyrs et des milliers de blessés. Khaled Saïd l'égyptien, Mohamed Bouazizi le tunisien et tous les martyres tombés pour une nouvelle société resteront à jamais gravés dans la mémoire et le cœur des masses arabes opprimées.

 

Mohamed Belaali

 

 

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(1) http://www.hrw.org/en/reports/2005/05/09/black-hole

 

(2) http://www.guardian.co.uk/world/2011/feb/04/hosni-mubarak-family-fortune

 

(3)http://blog.mondediplo.net/2009-10-19-Egypte-organes-a-vendre#nb3

 

(4)Pour plus de développement sur cet aspect du sujet, voir Louis Blin:«Le programme de stabilisation et d'ajustement structurel de l'économie égyptienne» :

http://ema.revues.org/index1211.html

 

 

 

 

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 07:58

 

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Profitant de la révolte du peuple libyen contre le régime de Kadhafi devenu despotique et anachronique, l'impérialisme américain et son caniche européen tentent par tous les moyens d'intervenir en Libye pour installer un régime qui servira leurs intérêts. Leur volonté de pomper, à l'instar d'un vampire, le pétrole Libyen est sans limite. Le peuple libyen serait alors privé de sa révolution, de sa richesse et connaîtrait une situation aussi tragique que celle que subit actuellement le peuple irakien ou afghan par exemple. Les crimes et les ravages de l'impérialisme en Irak, pour ne citer que ce pays, donnent la mesure de la cruauté et de la barbarie dont le capitalisme est capable. Une intervention américaine en Libye risque de briser également cet immense espoir soulevé par la révolution tunisienne et égyptienne dans les masses arabes opprimées pour une société meilleure débarrassée de la domination impérialiste et de ses serviteurs locaux. L'histoire nous a toujours enseigné que l'impérialisme est l'ennemi des peuples.

 

 

La Libye est un pays riche en pétrole et en gaz naturel. Selon l'Agence américaine d'information

sur l'énergie(EIA), le pays produit 1,79 million de barils par jour d'or noir et de gaz naturel et exporte 1 million de barils/jour. La Libye possède des réserves de brut parmi les plus importantes du monde (44 milliards de barils). La Libye produit un pétrole d'une rare qualité (brut léger à faible teneur en soufre)dont le rendement au raffinage est très élevé donc recherché sur le marché.


Cette précieuse énergie est encore indispensable au fonctionnement de la civilisation capitaliste et contribue à l'accumulation du capital au niveau planétaire. L'impérialisme américain se prépare très sérieusement à intervenir dans un pays aussi stratégique que la Libye qui est au cœur de la méditerranée et coincé entre la Tunisie en pleine révolution et l'Égypte dont l'issue de la révolution reste imprévisible. En s'installant en Libye, les États-Unis pourront plus facilement détourner les objectifs d'émancipation de la tutelle impérialiste de la révolution tunisienne et égyptienne.

 

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Hillary Clinton a déclaré publiquement que les États-Unis ont des contacts directs avec les insurgés libyens et que toutes les options pour éliminer Kadhafi du pouvoir restent ouvertes. Mais l'administration d'Obama ne se contente pas seulement de produire des déclarations menaçantes, elle a envoyé au large des côtes libyennes des forces navales et aériennes. Washington examine également la possibilité d'établir ce que les militaires appellent «no-fly zones» (zone d'exclusion aérienne) dans le ciel libyen. Le prétexte humanitaire est lui aussi invoqué, une fois de plus, pour préparer une éventuelle intervention militaire. «L’humanitaire et la guerre sont deux moyens contradictoires mais complémentaires . Il est difficile de distinguer clairement l’humanitaire du militaire tellement les deux instruments sont imbriqués l’un dans l’autre. On fait la guerre au nom de l’humanitaire et on invoque l’humanitaire pour justifier la guerre. Mais l’humanitaire reste souvent subordonné au militaire»(1). Le 28 février 2011, Hillary Clinton déclarait «Nous croyons qu'il y aura des besoins pour aider à des interventions humanitaires, nous savons également qu'il va y avoir probablement malheureusement des besoins pour des missions de sauvetage».

 

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L'histoire du peuple libyen est riche en luttes glorieuses contre l'invasion étrangère. Omar Al Mokhtar (1862/1931) ce «lion du désert», pendu par les italiens, incarnait cet esprit de résistance à l'occupant étranger. Le peuple libyen qui mène aujourd'hui un combat contre un régime qui l'a longtemps effacé, même s'il a accompli de réels progrès dans le passé, doit s'inspirer de cette grande figure de la résistance et s'opposer de toutes ses forces à l'impérialisme. C'est au peuple libyen et à lui seul,qui a déjà donné généreusement des martyrs par centaines, que revient l'immense tâche de faire triompher la révolution libyenne, partie intégrante de la révolution arabe en marche.

Révolutionnaires, progressistes et démocrates, il est de notre devoir de soutenir les masses arabes en lutte et de dénoncer partout l'impérialisme, ennemi de tous les peuples.

 

Mohamed Belaali

 

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(1) http://www.legrandsoir.info/L-humanitaire-au-service-du-capital.html

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 19:16

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Glorieux peuple d'Égypte, tu viens de chasser par ton courage admirable et par ta détermination formidable le plus grand des tyrans du monde arabe. Le pharaon du Nil est tombé. Ta volonté de vivre dans la dignité et ton désir de marcher vers la liberté sont plus forts que tous les impérialismes et tous les gouvernements qui ont honteusement soutenu le dictateur. L'Égypte n'a jamais été aussi belle qu'aujourd'hui. L'Égypte de la révolution est un océan d'espoir pour des millions et des millions d'opprimés du monde arabe.

 

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Tu as renversé l'un des plus despotiques, des plus corrompus et des plus cruels régimes au monde.

Tu viens de donner généreusement une très belle leçon à tous ceux qui méprisent les peuples. Tu leurs a appris que, face aux injustices, face à la tyrannie, les peuples ont toujours le dernier mot. Tu étais le plus fort. Les bourgeoisies américaines et européennes, leurs intellectuels et leurs médias t'ont méprisé, traité d'incapable de mener la moindre révolte, incapable de penser la démocratie et le progrès. « Il faut, hélas, dire ce qui est: beaucoup d'intellectuels pensent au fond d'eux-mêmes que les peuples arabes sont des arriérés congénitaux à qui ne convient que la politique du bâton» (1). Aujourd'hui tu leurs as fait la démonstration magnifique que ce sont les peuples qui font l'histoire.

 

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L'impérialisme américain et européen tremble devant cette formidable révolution qui, bientôt, va balayer tous les régimes despotiques arabes. L'impérialisme a peur de la démocratie. Il a tout fait pour maintenir au pouvoir les pires des dictatures. Il les a armées, financées et portées à bout de bras pour sauvegarder les intérêts d'une poignée de riches américains et européens. Les bourgeoisies occidentales, promptes d'habitude à s'enflammer pour soutenir les changements dans les pays de l'Europe de l'Est, se taisent lamentablement sur les révolutions arabes en cours. Car elles savent pertinemment que la libération des masses arabes opprimées est en contradiction objective avec leurs propres intérêts. L'impérialisme et la bourgeoisie qui le porte sont les amis des dictateurs, des tyrans et les ennemis de la démocratie et des peuples.

 

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( Excuse-moi mon pays d'être arrivée en retard)

 

 

Glorieux peuple d'Égypte, tu es un vrai magicien. Tu as réussi à transformer l'hiver en printemps. C'est le printemps de tous les peuples arabes. Leur hiver était long, triste et leur souffrance terrible, mais aujourd'hui, de Rabat à Beyrouth, de Tunis à Bagdad en passant par Alger et Damas leur joie est immense. Ta révolution est celle de toutes les masses arabes opprimées qui vont certainement suivre ton exemple et se retourner à leur tour contre leurs propres tyrans. La révolution arabe est en marche.

 

 

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Mohamed Belaali

 

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(1) Le Monde du 6/7 février 2011, page 3.

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1 février 2011 2 01 /02 /février /2011 07:00

 

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Les événements historiques qui se déroulent sous nos yeux en Égypte montrent d'une manière on ne peut plus criante le mépris de l'impérialisme américain et son caniche européen pour la démocratie et le peuple égyptien. Leur soutien indéfectible au pharaon du Nil et à son régime prouve, s'il en est besoin, que l'impérialisme est l'ennemi des peuples.

 

Que demande le peuple égyptien? Le départ du pharaon. Que répondent Hillary Clinton et Barack Obama ? Moubarak doit engager des réformes démocratiques et répondre aux revendications légitimes du peuple égyptien. C'est donc Moubarak et son régime haïs par le peuple qui doivent mener ces réformes !

 

Quelques heures après les injonctions américaines, Moubarak apparaît à la télévision égyptienne dans la nuit du vendredi au samedi pour dire, conformément aux ordres de ses maîtres, qu'il allait renvoyer le gouvernement et installer une nouvelle équipe gouvernementale. Il a également nommé dès samedi 29 janvier un vice-président Omar Souleimane, un proche qui occupait auparavant le poste de chef des renseignements.

 

Dimanche 30 janvier Hillary Clinton déclarait : «C'est à peine le début de ce qui doit se passer, un processus menant à des mesures concrètes pour aboutir aux réformes démocratiques et économiques que nous avons réclamées, et dont le président Moubarak lui-même a parlé dans son discours».

 

Un peu plus tard, H. Clinton déclare à nouveau «Nous comptons sur une transition ordonnée pour que personne ne vienne combler un vide, pour qu'il n'y ait pas de vide (mais) un plan bien élaboré pour l'avènement d'un gouvernement démocratique participatif».Interrogée sur la chaîne de télévision américaine ABC concernant une éventuelle suspension de l'aide américaine au régime égyptien, elle répond «A l'heure qu'il est, il n'y a aucune discussion concernant une suspension de quelque aide que ce soit». L'administration américaine s'accroche encore de toutes ses forces au tyran du Nil. Mais rien, absolument rien sur la revendication première du peuple égyptien, le départ de Moubarak comme le scandaient les manifestants: « Irhale», «Dégage», « Out» ! Les États-Unis sont résolument du côté du dictateur et contre le peuple égyptien.

 

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Pendant ce temps là, le peuple d' Égypte défie la peur, le couvre-feu, les balles et descend massivement dans les rues du Caire, d'Alexandrie, de Suez, de Port-Saïd, de Mansourah, d'Assiout, de Fayoum, d'Ismaïlia, d'Al Minya etc. pour exiger le départ du pharaon. Et malgré ce rejet massif du pouvoir égyptien par tout un peuple et ces manifestations puissantes montrées par toutes les télévisions et tous les médias du monde, les États-Unis restent fidèles au tyran et à son régime.

 

Quel violent contraste! D'un côté l'impérialisme américain et les gouvernements européens qui soutiennent et s'accrochent désespérément à un dictateur qui a ruiné son pays, affamé son peuple et étouffé toutes les libertés. De l'autre, tout un peuple, des hommes et des femmes par millions qui réclament pacifiquement dignité, démocratie et liberté.

 

Étrange que cette démocratie occidentale qui ne cesse de parler haut et fort de démocratie, et tente, par tous les moyens, de l'écraser lorsque les peuples veulent l'appliquer par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Les cas de la Tunisie et de l'Égypte sont très éloquents à cet égard. La France a tout fait pour maintenir le dictateur Ben Ali au pouvoir et les États-Unis se cramponnent encore au despote du Nil. L'impérialisme est la négation même de tout progrès politique et, partant, de tout progrès économique et social. Il est l'ennemi des peuples. Seules la volonté et la détermination des opprimés à se débarrasser de l'impérialisme et de leurs propres oppresseurs permettront d'instaurer une véritable démocratie.

 

Peuple d'Égypte tu t'es enfin réveillé après une très noire et longue nuit. Le régime de Moubarak t'a obligé et habitué, des décennies entières, à baisser la tête et à courber l'échine. Tu as subi, comme les autres peuples arabes l'exploitation, la misère, l'asservissement, l'humiliation, la marginalisation et la trahison. Aujourd'hui tu as relevé la tête et tu vas bientôt, grâce à ton courage et à ta détermination, déployer dans le ciel lumineux d'Égypte l'étendard de la victoire.

 

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Soldat d'Égypte, retourne ton arme contre le régime qui humilie ton peuple, défend et libère l'Égypte de l'oppression. Ouvrier d'Égypte, révolutionne tes conditions d'existence et guide ton peuple vers la victoire. Tu es l'espoir non seulement pour ton propre pays, mais aussi pour toutes les masses arabes opprimées. Paysan d'Égypte, sème dans cette terre fertile qui est la tienne les graines de liberté, de démocratie et du socialisme.

Soldats, ouvriers, paysans, chômeurs, vendeurs de fruits et légumes, cireurs de chaussures, opprimés d'Égypte vous êtes en train d'écrire une page glorieuse de votre histoire. Demain vous serez maîtres de la situation, maîtres de votre destin.

 

Mohamed Belaali

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